Le mois de l’économie sociale et solidaire (ESS), c’est en ce moment dans toute la France. Il est temps de faire un point sur ce secteur dynamique, qui semble aller à l’encontre de la morosité économique ambiante.
Un vaste secteur en pleine expansion
Depuis quelques années, le secteur de l’ESS se démarque par le dynamisme de ses entreprises et un bilan plutôt flatteur. Mais qui sont ces acteurs qui ne connaissent pas la crise ?
Il s’agit d’entreprises qui partagent des valeurs communes, poursuivent des objectifs de durabilité, et une gouvernance démocratique. La loi relative à l’économie sociale et solidaire (adoptée en juillet 2014) précise que les structures de l’ESS « remplissent les conditions cumulatives suivantes :
- Un but poursuivi autre que le seul partage des bénéfices ;
- Une gouvernance démocratique, définie et organisée par les statuts, prévoyant l’information et la participation […] des associés, des salariés et des parties prenantes aux réalisations de l’entreprise ;
- Une gestion conforme aux principes suivants :
- Les bénéfices sont majoritairement consacrés à l’objectif de maintien ou de développement de l’activité de l’entreprise ;
- Les réserves obligatoires constituées, impartageables, ne peuvent pas être distribuées. »
Selon le dernier bilan publié par le CNCRES * (bilan 2015), ce secteur regroupe plus de 2,3 millions de salariés, et 10,5 % de l’emploi en France. Entre 2008 et 2013, l’emploi a augmenté de 0,8 % (+160 000 emplois nets) alors qu’il baissait de 0,2 % dans le reste de l’économie.
L’ESS regroupe des organisations sous différents statuts, parmi lesquelles les associations sont les principales pourvoyeuses d’emplois (78 % des emplois), loin devant les coopératives (13 % des emplois), mutuelles, ou fondations. Ces dernières années des modèles comme les SCOP et les SCIC se sont fortement développés : fin 2015, les SCOP et les SCIC représentaient 2 855 entreprises et 51 500 salariés (respectivement +6 % et +2 % par rapport à 2014)**.
Alors, embarquez dans l’aventure de l’ESS !
Alors que de plus en plus de jeunes (et moins jeunes !) aspirent à trouver un travail qui a du sens, avec un impact positif sur la société et l’environnement, l’ESS est une piste prometteuse. Si vous souhaitez travailler dans l’action sociale, le sport et loisirs, les activités financières et d’assurance, les arts et spectacle et l’enseignement, il y a de fortes chances pour que vous rencontriez des acteurs de l’ESS. Mais d’autres secteur où les entreprises de l’ESS disposent de nombreux atouts (implication des parties prenantes, intérêt collectif, ancrage local…) sont identifiés comme porteurs d’avenir, notamment : l’énergie (production, distribution, conseil), l’alimentation (avec des enjeux de développement de systèmes alimentaires locaux), l’industrie du bois, la finance (épargne solidaire, capital-risque pour investir dans des entreprises d’utilité sociale) et les coopératives d’activité et d’emploi (plus de 100 établissements en France, qui proposent un cadre collectif pour des entrepreneurs, et une alternative au portage salarial).
Le dynamisme de l’ESS est aussi lié à la capacité du secteur à innover et à inventer de nouveaux modèles économiques. Ainsi, des métiers encore peu répandus aujourd’hui devraient être amenés à se développer, par exemple celui de gérant d’une SCIC (nécessitant des compétences spécifiques liées au mode de gouvernance d’une SCIC) ou de chargé·e du développement pour une coopérative d’activité et d’emploi (CAE) ; ou dans le cadre de l’économie circulaire, animateur·trice nature environnement ; ou encore des métiers dédiés à la coordination des entreprises de l’ESS dans les territoires.
Des compétences nouvelles sont enfin recherchées dans un cadre de baisse des financements publics. Les acteurs de l’ESS doivent faire évoluer leurs modes de financements et ont de plus en plus recours à d’autres sources comme le mécénat ou le crowdfunding, et se tournent vers la mutualisation des ressources. Cela demande de développer les réseaux, se faire connaître et convaincre de nouveaux partenaires !
Vous souhaitez en savoir plus ?
Les ressources en ligne ne manquent pas ! Que ce soit pour sur le recensement des acteurs, des sites de recherche d’emploi, des données sur l’actualité du secteur, je vous propose une petite sélection :
Je cherche à en savoir plus sur l’ESS en général
- Site du CN CRES, portail général sur l’ESS en France,avec ses déclinaisons pour les Chambres régionales de l’ESS, notamment le CRESS de la région Rhône-Alpes
- Le Labo de l’ESS, fondé en 2010, un « think tank destiné à faire (re)connaître une économie plus respectueuse de l’Homme et de son environnement à travers échanges, réflexions et actions »
Je cherche un emploi dans l’ESS
- Ressources solidaires
- Emploi-ESS, portail de l’emploi ESS porté par l’Udes (Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire)
Je souhaite me former à l’ESS
- Enssemble.org (il existe plusieurs formations à Lyon, dont le Master 2 Économie Sociale et solidaire à Lyon 2)
- Article “Economie social et solidaire, comment se former ?“
Je souhaite connaître les acteurs de l’ESS
- Liste des entreprises de l’ESS par région
Je souhaite suivre les actualités de l’ESS
- UP Le Mag, magazine trimestriel publié par le groupe SOS (groupe associatif de l’ESS)
- Alternatives Économiques, avec en plus un hors-série « L’économie autrement » en novembre 2016
- Rhône-Alpes Solidaire plus spécifiquement en Rhône-Alpes
Pour finir, il est encore temps de vous inscrire à la Nuit des Trophées de l’ESS qui a lieu à Lyon mardi 29 novembre de 18h à 22h.
* Conseil National des Chambres Régionales de l’Économie Sociale
** source : Les SCOP
Présentation très complète de l’ESS allant de sa définition à ses ressources.
J’aurais une petite question (pas piège): quel(s) rapport(s) avec colibre.org?
Plusieurs raisons pour écrire cet article sur l’ESS dans colibre.org :
– un secteur souvent cité comme un débouché privilégié pour les étudiants CoLibre
– des organisations dont la philosophie se rapproche selon moi de celle du libre, en particulier dans la volonté de replacer l’humain au centre, et de ne pas être uniquement dans la recherche de profits (même si certaines coopératives ont peut-être mis de côté cet engagement humain en devenant des multinationales)
– un lien avec le libre du fait des secteurs concernés, qui posent la question des communs (agriculture, énergie / environnement…)
(+ un fort intérêt personnel pour ce sujet ;)